Quelques lectures de vacances romans pour l'été
Lecture

Quelques romans pour les vacances

Il y a-t’il des chanceux parmi vous qui commencent leurs vacances ? Parce que moi, je les finis.  Je sais que comme moi vous errerez probablement de maison de la presse en rayon culturel à la recherche d’un roman pas trop compliqué mais assez captivant. J’ai débroussaillé l’affaire pour vous, voici donc ma petite sélection estivale à accompagner d’un spritz, d’un mojito ou d’un petit rosé, au camping, sur la plage ou vautrée dans le canapé : de la lecture facile, mélancolique, ou un peu plus cortiquée.

Changer l’eau des fleurs, Valérie Perrin

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Violette Toussaint est gardienne de cimetière. Autour d’elle gravite une petite famille de cœur, composée des fossoyeurs, du curé, des pompes-funèbres et de chats esseulés qui ont suivi le convoi funéraire de leur maître au cimetière, et y sont restés. Violette vit avec ses souvenirs et ses blessures. Depuis sa petite maison, elle observe les vivants qui viennent voir leurs morts, recueille leurs confidences et leurs secrets.

C’est l’histoire d’une femme mystérieuse et sensible, riche d’une vie pas toujours drôle, qui a choisi ce métier incongru et y trouve son bonheur. Au fil des pages, on découvre qui est Violette, comment est-elle arrivée dans ce cimetière, les bonnes surprises et heureux hasards que « ses » morts lui réservent. Ce roman m’a un peu fait penser à « l’élégance du hérisson » de Muriel Barbery, en version bord de piscine : l’histoire d’une femme qui cache sous une apparence discrète, une grande sensibilité. C’est une bonne petite lecture sans prise de tête, pleine de personnages attachants, de tranches de vie banales (mais nos vies à tous ne sont-elles pas terriblement banales et pourtant intéressantes ? Vous avez 4 heures) mais touchantes. Avec en prime, la description d’une femme résiliente et courageuse.

« Et puis , il y a notre curé, Cédric Duras. Dieu a du goût, à défaut d’être toujours juste. Depuis que le père Cédric est arrivé, il parait que beaucoup de femmes ont été frappées par la révélation divine dans la région. Il y aurait de plus en plus de croyantes sur les bancs de l’église le dimanche matin. »

 

A la recherche d’Alice Love, Liane Moriarty

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Après une commotion cérébrale survenue lors de sa séance hebdomadaire de fitness, Alice Love se réveille amnésique des 10 dernières années. Elle se croit enceinte de son premier enfant et filant le parfait amour avec l’homme de sa vie, Nick.
Manque de bol, Alice Love se rend compte qu’elle est en instance de divorce, que Nick ne peut plus la blairer, que ses 3 enfants sont de parfaits inconnus et qu’elle est brouillée avec pas mal de monde.  Et ce qu’elle découvre d’elle-même ne l’enchante pas vraiment : elle est devenue une pimbêche autoritaire. Comment cela est-ce possible ?

Que choisirait-on de faire, ou de refaire, si les dix dernières années de notre vie étaient totalement effacées ? Peut-on revenir sur ce que l’on est ? Comment accepter que l’amour murisse, s’érode, voire parfois se détériore ? Quels compromis faire, jusqu’où aller pour sauver son couple et sa famille ? Ce sont toutes ces questions qu’aborde Liane Moriarty. Alice se retrouve face à une inconnue : elle-même, dont elle ne comprend plus ni l’attitude, ni les choix. Il s’agit d’un roman sur l’équilibre, les concessions, le réalisme et l’affirmation de soi. Un roman aussi sur la vigilance à garder, pour que le bonheur se s’échappe pas.

« Le rêve, ou le souvenir – quelle importance ? –, se dissipa, à l’image d’un reflet sur l’eau, laissant place à des fragments de pensées qui commencèrent à s’insinuer dans son esprit, comme si elle se réveillait d’un long et profond sommeil, tard un dimanche matin. »

Dans la Forêt, Jean Hegland.

Dans la forêt Jean Hegland

Plus d’essence. Plus d’électricité. Plus d’hôpitaux. Plus de magasins. Plus de moyens de communication. Nell et Eva, deux sœurs, vivent dans une maison perdue dans la forêt et tentent de subsister dans un isolement total, alors qu’une catastrophe économique et environnementale a causé la perte de la civilisation américaine. Leurs deux parents sont décédés. Elles doivent apprendre à survivre avec le peu qui leur reste dans cette maison, et imaginer la vie à long terme. Partir ou rester ? Comment se projeter, alors qu’elles ont tout à découvrir de la vie et de l’amour ? Nell la cérébrale dévore les livres et tente de se projeter dans un futur qui la verrait intégrer Harvard. Eva danse des heures et trouve dans cette discipline de quoi tenir. Malgré leurs relations parfois houleuses, elles ont absolument besoin l’une de l’autre pour rester debout et apprendre à amadouer la nature hostile qui les entoure.

Ce roman survivaliste m’a été recommandé par Anna et Picou Bulle. Très fouillé, très bien documenté, il fait quand même froid dans le dos tant on imagine que cela pourrait réellement se produire. « Dans la Forêt » est une réflexion sur l’écologie et sur la nécessité de revenir à la nature pour subsister.

« Pendant longtemps rares étaient les jours durant lesquels le courant n’était pas coupé au moins une fois. A la fin, rares étaient les jours où le courant revenait. A un moment, nous nous sommes rendus compte que nous avions perdu l’habitude de chercher à tâtons l’interrupteur en entrant dans une pièce. »

La servante écarlate, Margaret Atwood

La servante Ecarlate Margaret Atwood

Autre dystopie, « La Servante Écarlate » est connue de tout le monde, sauf moi car je n’ai pas Netflix. Dans une Amérique dominée par une dictature à la fois marxiste, nazie et religieuse, les rares femmes fertiles sont données en esclavage reproductif à des cadres du régime. La pollution a stérilisé la majorité de la population, et avoir un enfant est un privilège réservé aux élites. Les femmes sont toutes affectées à une catégorie : les Servantes Écarlates, qui ont le devoir de procréer, les Marthas ou servantes de maison, les Épouses, les Tantes qui ont mission d’éduquer les servantes, et les autres qui sont mises au rebut. Toutes n’ont plus aucune autonomie financière, n’ont plus le droit de travailler et n’ont pas d’identité propre. Defred, servante écarlate, tente de survivre au jour le jour en se remémorant sa vie d’avant, son mari, son enfant qui lui a été volée.

Roman d’anticipation curieux et malaisant, « La Servante Écarlate » tient à la fois de 1984 et du Meilleur des Mondes. C’est le roman d’une résistance intérieure face à l’oppression des femmes. Defred tente de trouver des alliées dans un monde où tout est dénonciation et espionnage silencieux. Je ne peux pas dire que j’ai aimé, mais c’est une lecture intéressante.

« Une chaise, une table, une lampe. Au-dessus, sur le plafond blanc, un ornement en relief en forme de couronne, et en son centre un espace vide, replâtré, comme l’endroit d’un visage d’où un œil a été extrait. Il y a dû avoir un lustre, un jour. Ils ont retiré tout ce à quoi on pourrait attacher une corde. »

 

La  vérité sur l’affaire Harry Quebert, Joël Dicker

La vérité sur l'affaire harry québert joël Dicker

Marcus Goldman, jeune écrivain à succès, doit livrer son 2e manuscrit à son éditeur d’ici quelques mois. Malheureusement, Marcus n’a absolument aucune idée. En proie à l’angoisse de la page blanche, il n’a pas écrit une ligne depuis la parution de son roman précédent. En désespoir de cause, il se réfugie dans la petite ville d’Aurora, chez le célèbre écrivain Harry Quebert qui fut son professeur à l’université et son mentor. C’est là qu’il apprend qu’Harry Quebert, alors âgé de 34 ans, a passionnément aimé une jeune fille de 15 ans, Nola Kellergan, la fille du pasteur de l’époque. Cette dernière a disparu sans laisser de traces à la fin de l’été 1975, laissant le coeur d’Harry en miettes.

Quelques jours après le retour de Marcus à New-York, le corps de Nola Kellergan est découvert dans la propriété d’Harry Quebert, enterré avec le manuscrit qui fit sa gloire. C’est le début d’un scandale énorme : le monstre littéraire est accusé du meurtre de la jeune fille, conspué alors qu’il était porté aux nues quelques jours plus tôt. Aurora devient le centre de l’attention. Convaincu de son innocence, Marcus va mener l’enquête.

Ce roman m’a tenue en haleine du début à la fin. Extrêmement bien construit, mêlé de considérations sur le milieu de l’édition et sur le dur labeur d’écrivain, il distille peu à peu ses rebondissements. Qui était vraiment Nola Kellergan ? Les gens d’Aurora sont-ils vraiment aussi lisses qu’ils le laissent croire ? Et la patronne de la brasserie locale, Jenny, ne serait-elle pas amoureuse d’Harry ? Comment trouve-t’on l’inspiration ? Qui laisse ces mots mystérieux et menaçants à l’intention de Marcus ? Le jeune écrivain tente de démêler le vrai du faux, entre deux coups de fils de sa mère, obsédée par l’avenir sentimental de son fils.

« La vérité sur l’Affaire Harry Quebert » n’est pas une nouveauté puisqu’elle a déjà été adaptée en série télé, avec le fameux docteur Mamour alias Patrick Dempsey, dans le rôle de Quebert. Mais bon, comme vous le savez, je n’ai pas la télé. C’est en tout cas un excellent polar psychologique, complexe, touffu. Comme très souvent, mon mari n’a pas aimé. A se demander comment tient notre mariage avec des goûts littéraires si différents ?

« Elle dansait sur la plage. Elle jouait avec les vagues et courait sur le sable, les cheveux au vent; elle riait, elle était tellement heureuse de vivre. De la terrasse de l’hôtel, Harry la contempla un instant, puis il se replongea dans les feuillets qui recouvraient la table où il était installé. Il écrivait vite, et bien. Depuis qu’ils étaient arrivés ici, il avait déjà écrit plusieurs dizaines de pages, il avançait à un rythme frénétique. C’était grâce à elle. »

 

Le poids des secrets, Aki Shimazaki

Le poids des secrets Aki Shimazaki

Écrivaine japonaise installée au Canada, Aki Shimazaki écrit en français, à la manière inimitable des écrivains japonais : un style épuré et des phrases si simples mais tellement évocatrices.   « Le poids des secrets » est composé de cinq nouvelles : Tsubaki, Tsubame, Hamaguri, Wasurenagusa, Hotaru, à lire dans n’importe quel ordre. Chacune dévoile la vie et le point de vue d’un personnage, lié à ceux des autres nouvelles.

« Le poids des secrets » a pour fil conducteur les secrets de famille : l’amant manipulateur, l’enfant coréenne qui a changé d’identité pour survivre dans un Japon raciste, le fils adoptif à qui on n’a jamais révélé la vérité sur sa naissance, l’époux et père infidèle responsable de souffrance, la demi-sœur perdue. On découvre les réflexions intimes et les émotions de chacun, alors qu’il ne fera que traverser une autre nouvelle, en arrière-plan. Cette pentalogie est extrêmement riche sur le plan historique puisqu’elle relate des faits se déroulant durant la première moitié du XXe siècle au Japon. Elle m’a beaucoup appris sur le Japon, les usages familiaux et les conventions sociales. Le poids des secrets, c’est aussi le poids des coutumes, de ce qui est permis et convenable, ou pas, et qui peut infléchir le cours d’une vie. Les romans d’Aki Shimazaki sont toujours un délice : j’avais lu auparavant la série « Azami », qui n’est pas encore achevée, et la pentalogie « Au coeur du Yamato ». Seule difficulté pour moi dans ces romans : retenir les prénoms japonais et ne pas les confondre.

« Je lève les yeux.

Couvert de nuages épais, le ciel s’étend à l’infini. Il fait anormalement chaud et humide pour une fin d’été. C’est encore le matin. Pourtant, je sens ma chemise déjà trempée de sueur.
Au-dessus de moi, un couple d’hirondelles passe rapidement. Elles vont et viennent entre le toit d’une maison et un fil électrique. Elles partiront bientôt vers un pays chaud. J’aimerais bien voyager librement comme elles.
Ma mère m’a dit une fois :  » Si on pouvait renaître, j’aimerais renaître en oiseau. »

Je penserai à vous, de retour dans mon petit bureau, tandis que vous vous reposerez de tout le stress accumulé durant le confinement et le déconfinement. Bon mois d’août !

Il faut absolument que tout le monde le sache ! je partage :

14 commentaires

  • Picou

    Belle sélection! Ce serait parfait pour débuter mes vacances si je n’en avais pas déjà lu les 3/4! Que je valide, d’ailleurs! Pas grave, un tour à la librairie et j’ai déjà 1000 autres idees…on se refait pas!

    • Petitsruisseauxgrandesrivières

      J’en ai lu d’autres avant les vacances que je n’ai pas mis dans la sélection, ça t’intéresse aussi ? 😉

    • Petitsruisseauxgrandesrivières

      Waouh, tu as mis ta photo sur ton profil ! c’est chouette ! Alors si je n’en emportait qu’un seul… Quel choix cornélien. Je pense que le Dicker est très bien. Mais les Shimazaki sont excellents aussi, beaux et doux… Cela se joue entre les deux !

  • Maman Lempicka

    Merci pour cette sélection! Je me suis sérieusement remise à la lecture ces temps-ci, et ton Joël Dicker attire particulièrement mon attention. Puis-je te faire une recommandation moi aussi? Lis « l’opium des imbéciles », un essai sur le fléau actuel du complotisme, magistral. Bon retour au boulot, de mon côté je suis à mi-chemin de mes vacances, le cul entre juillet et août 😊

    • Petitsruisseauxgrandesrivières

      Ah, c’est intéressant cela ! il y a aussi divers essais sur la connerie, en ce moment. Est-ce pédant de les lire ?
      J’ai corrigé ta boulette, bonne fin de vacances 😉

  • alinetterunnette

    Je suis prête à prendre le relais des vacances!!
    Sympa cette petite sélection! Changer l’eau des fleurs m’a tellement fait penser à l’élégance du hérisson aussi 🙂 J’avais aussi bien aimé L’affaire Harry Quebert, difficile à poser tant on est embarqué dans l’histoire. Sur Moriarty j’étais resté mi-figue mi-raisin avec « le secret du mari ». Dans la forêt est sur ma liste depuis longtemps, j’attends d’avoir digéré l’enchainement de « my absolute darling » et « into the wild » … Et la servant écarlate sera sûrement acheté dans un Relay quand je pourrai enfin reprendre le train 🙂

  • Miss Zen

    Je suis au milieu du gué question vacances : on a fractionné et il me reste une semaine fin août.
    J’ai justement dans ma pile « Changer l’eau des fleurs » et ta référence à « L’élégance du hérisson » me donne très envie de le lire !
    J’ai lu le premier opus de Lilian Moriarty et je dois dire que le pitch me tente énormément.
    J’ai longtemps tournée autour de « Dans la forêt » mais vu les circonstances, je vais passer mon tour.
    Par contre, j’ajoute tout de suite ce roman japonais car j’adore la littérature japonaise et ce que tu en dis me plait beaucoup.
    Merci beaucoup pour cette sélection et tes commentaires éclairants !

Je suis sûre que tu as plein de choses à me dire :

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