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C’est quoi être une bonne mère ?

Quand j’étais une jeune mère débutante, j’étais bourrée de certitudes quant à ce que devait être, ou ne pas être (that is the question) un bon parent, ou une bonne mère, si je me réfère à mon nombril.

Cela incluait :

1/ Bon, la base évidemment, nourrir mon bébé de mon bon lait plein d’anticorps et de bonnes choses, qui coulerait à flots et le rendrait beau et intelligent, bien plus beau et intelligent que les autres.

2/ Lui apporter la sécurité émotionnelle et psychique dont il avait besoin ; Lui donner un cadre avec des règles afin de structurer son Moi et de ne pas en faire un futur sauvageon qu’il faudrait plus tard nettoyer au karcher.

3/ L’éveiller en lui proposant moultes activités adaptées à son âge permettant une stimulation en douceur et une acquisition de connexions neuronales supplémentaires et de qualité (par rapport aux autres, toujours).

4/ Être bienveillante, mais pas trop, ferme, mais pas trop, complice, mais pas trop, présente, mais pas trop, câlinante, mais pas trop.

5/ L’initier sans pression mais avec efficacité, de manière naturelle et totalement décontractée, à la lecture dès 3 ans, et à l’écriture dès 5 ans.

6/ Qu’il soit toujours correctement vêtu d’habits propres, bien peigné, et bien mouché.

7/ Le nourrir uniquement de petits plats mitonnés maison avec des légumes bio, locaux, de saison.

Voilà.

Quelques années plus tard :

1/ Mes allaitements ont toujours merdé de manière extrêmement constante. A priori, mes enfants ont pourtant une intelligence normale.

2/ Sur ce point là, je pense que c’est plutôt pas mal. Le karcher est réservé pour les cacas collants.

3/ Le meilleur éveil, c’est de ramper par terre et de lécher tout ce qui passe à portée de menottes, même si le ménage n’a pas été fait.

4/ Parfois je suis bienveillante, parfois totalement laxiste (« oui mon chéri, mange le gâteau à 18h45, et laisse Maman téléphoner s’il te plaît » ou « Mange tout ce que tu veux pourvu que tu cesses de gueuler comme un pourceau que l’on égorge »), parfois totalement mégère (c’est en général la phase post-laxisme ; vous noterez qu’en moyenne, ça revient au même que la bienveillance), selon les jours et l’heure. C’est comme ça, cela enrichit nos enfants de voir les différentes facettes de la personnalité de leur mère.

5/ Après tout les instits sont payés pour ça.

6/ Franchement, une petite goutte de pipi sur le body, ça ne met pas en danger sa vie, non ? Et puis ça sera sec dans 10 minutes*. Tu as le nez qui coule, essuie-toi. Non, pas avec ta manche. Ah, trop tard.

7/ Finalement, ils préfèrent les coquillettes.

Et puis certains soirs, quand j’ai réussi à garder tout le monde en vie jusqu’au coucher, je suis déjà très fière de moi.

 

Au final, être une bonne mère, c’est quoi ?

– Revoir ses ambitions à la baisse (une règle que l’on devrait appliquer à beaucoup de domaines dans sa vie).

– Ne pas être prisonnière de ses principes.

– S’adapter, car l’adaptation, c’est la survie de l’espèce.

– Aimer son enfant ET l’éduquer. A ce propos, je fais une petite digression pour recommander plus que chaudement l’excellent livre de Claude Halmos, une psychanalyste spécialisée dans l’enfance : « Pourquoi l’amour ne suffit pas ». L’amour est indispensable pour construire la confiance en soi de l’enfant et asseoir sa personnalité, mais ne suffit pas à en faire un être social ; C’est l’éducation, avec ses règles, ses limites et ses interdits, qui rend l’enfant capable de maîtriser ses pulsions et de vivre en société. A l’heure de la pédagogie positive et de l’éducation bienveillante parfois mal comprises, il est important de rappeler cela.

Ce qui compte, ce n’est pas d’être une bonne mère, mais c’est d’être une mère suffisamment bonne. Trop de perfection parentale ne fait pas de bien à l’enfant, au contraire : cela rend difficile sa construction personnelle car le parent devient un être idéal auquel il est difficile de reprocher quelque chose, or l’adolescent se construit aussi dans l’opposition et les reproches qu’il fait à ses parents, c’est une étape vers l’âge adulte. Et moi, je ne veux pas que mes enfants soient névrosés.

Conclusion : comme pour le Nutella, point trop n’en faut.

* je vous signale que c’est moi qui me coltine les lessives.

 

Il faut absolument que tout le monde le sache ! je partage :

2 commentaires

    • Petitsruisseauxgrandesrivières

      Je l’aime beaucoup, elle est carrée, dans l’amour et la fermeté. Et elle a travaillé avec des enfants issus de familles difficiles, vraiment difficiles, ce qui lui donne un peu plus de légitimité à causer éducation que certaines instagrammeuses. 😉

Je suis sûre que tu as plein de choses à me dire :

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