élever un enfant qui s'oppose les vraies solutions alan kazdin
éducation

Elever un enfant qui s’oppose : les vraies solutions

  • Vous n’êtes pas convaincue par le coussin de la colère ?
  • Vous avez épuisé les charmes de la roue des émotions ?
  • Votre enfant vous balance sa bouteille de retour  au calme dans la figure ?
  • Votre ado vous siffle que vous êtes gênante quand vous lui demandez de verbaliser ses émotions ?
  • Les câlins lors des crises de votre enfant ont montré une efficacité tout à fait nulle pour régler le problème ?

Ca tombe bien !

Après « Eduquer sans s’épuiser », paraît « Elever un enfant qui s’oppose, les vraies solutions« , d’Alan Kazdin.paru aux Etats-Unis sous le titre « The Kazdin Method for Parenting the Defiant Child ».

Vous me direz, quelle est la différence entre les deux ouvrages ?

“Eduquer sans s’épuiser” explique les bases théoriques et scientifiques de la méthode “Kazdin”, et les outils principaux. Dans “Elever un enfant qui s’oppose, les vraies solutions”, vous trouverez comment mettre en place, très concrètement, cette méthode, pas à pas, pour diminuer l’intensité des conflits.

En détails, le livre contient :

  • La boîte à outils pour faciliter la vie de famille : comment mettre en place un programme à points étape par étape, les tableaux de récompenses, le bon usage des compliments, les limites du time-out…
  • Des entrées par tranche d’âges : les tout-petits, les 3-6 ans, les 6-12 ans et les adolescents.
  • Des solutions pratiques par type de situations de conflits : pendant les devoirs, à l’école, au sport, en vacances, au supermarché, colères, oppositions, retards systématiques…
  • La mise en oeuvre de la méthode en groupe (en classe par exemple), la gestion des élèves perturbateurs
  • Le « service après-vente » ou les solutions quand ça ne marche pas : qu’est-ce qui peut être amélioré dans ma mise en oeuvre de la méthode ?
  • La prise en compte des cas atypiques comme les enfants atteints de TDAH
  • Des suggestions de récompenses par âge
  • Des conseils aux parents sur le contexte familial élargi
  • Les questions/réponses les plus fréquentes

Et pour vous mes chères lectrices et quelques lecteurs, voici ma préface (puisque oui, j’ai rempilé avec plaisir pour ce deuxième ouvrage du Professeur Kazdin !)

Bonne lecture !


Vous le savez aussi bien que moi : la vie de parent n’est pas un long fleuve tranquille, et ce n’est pas un petit fossé qui se trouve entre nos attentes et la réalité : c’est un abîme.

Votre enfant a 4 ans, il fait une colère monumentale dès que vous devez passer à une autre activité. Elle a 6 ans, et vous n’osez plus l’emmener au supermarché car à chaque fois, elle vous harcèle jusqu’à ce que vous cédiez et achetiez ce paquet de bonbons. Il a 8 ans et ne cesse d’injurier ses camarades, et même vous, ses parents. Elle a 10 ans, et les devoirs sont un calvaire : elle ne veut pas s’y mettre, bâcle son travail, et part bouder dans sa chambre. Il a 12 ans et se dispute sans cesse avec son frère, cela vous éreinte et gâche tous vos week-ends. Elle a 13 ans, vous parle de haut et vous montre bien, par chacun de ses silences, que vous ne comprenez rien à rien et ne réagissez jamais comme il le faudrait. Des conflits surviennent avec la prof, l’entraîneur de foot ou des camarades. Vous avez le sentiment d’avoir tout essayé, la situation vous semble sans issue et le découragement vous accable. Vous fileriez volontiers vous cacher dans un trou de souris, et en arrivez presque à regretter d’avoir cédé, un jour de folie, au désir d’avoir une descendance.

Le contexte éducatif et social actuel, où beaucoup d’attentes pèsent sur les parents, nous met sous pression : les attentes, ou plutôt les exigences, sont grandes à notre égard. Nous sommes sursaturés de conseils. Les émissions, podcasts et livres sur la parentalité se multiplient. Être parent, en dépit de toutes ces ressources, n’est pourtant pas plus simple qu’autrefois. La conscience de la fragilité de l’enfant, de la nécessité de le soutenir et de l’aimer, de respecter son rythme de développement, de le considérer comme un sujet à part entière – et non comme un prolongement ou une possession des parents – est présente chez la plupart des parents (et chez l’immense majorité de ceux qui se documentent sur l’éducation.)

Mais que le tri est difficile à faire dans ce grand supermarché de la littérature parentale !

Nous entendons beaucoup dire que les comportements inadaptés des enfants sont une conséquence de leurs émotions, en général la colère ou la tristesse. En fin de compte, il n’y aurait même pas de comportements inadaptés, mais nous, les parents, serions à côté de la plaque car nous ne comprendrions pas les raisons qui provoquent ces comportements, nous ne serions pas à l’écoute. La parole et l’expression des émotions, seraient donc la solution à privilégier pour désamorcer les conflits et initier les bons comportements.

Bien entendu, le dialogue en famille, comme l’amour et l’eau fraîche, est indispensable pour le bonheur de nos enfants. Et pourtant, ce postulat n’est que partiellement juste.

Le Professeur Kazdin, docteur en psychologie de l’enfant, enseignant-chercheur à l’université de Yale, et clinicien, a reçu des milliers de familles dans son centre de parentalité, dont certaines vivaient des situations conflictuelles excessivement difficiles. Au contact de ces familles, il a élaboré un programme permettant d’ancrer, jour après jour, des comportements positifs chez des enfants réputés terribles. Serait-ce en les faisant s’exprimer sur les raisons de leur comportement, en tapant des coussins ou en tournant une petite roue des émotions ? Pas du tout ! Alan Kazdin le souligne : de nombreuses études scientifiques démontrent que verbaliser sur les émotions ne réduit pas les comportements agressifs. Comme il le dit avec humour, « Toute cette approche se fonde sur des principes psychologiques erronés comparant l’esprit humain à un moteur à vapeur qui aurait besoin de relâcher de la pression pour pouvoir fonctionner sans heurts. »

Vos enfants ne sont pas des cocotte-minute sous pression. Bien sûr, l’analogie de la cocotte-minute a son utilité dans certains cas, mais comme toute image, elle est bien insuffisante et trop simpliste pour décrire le fonctionnement de la psychologie enfantine dans sa globalité. Réduire l’éducation à un travail sur les émotions, et s’évertuer à les accueillir, analyser et reformuler, dans la plupart des cas, est insuffisant voire stérile.

Contrairement à ce postulat qui voudrait que les mauvais comportements découlent d’émotions bouleversantes, le professeur Kazdin démontre que les émotions positives peuvent résulter d’un bon comportement, que l’espoir est permis et qu’un véritable changement – tant au niveau de votre enfant, que dans la famille plus largement – peut s’opérer : obtenir que son enfant se comporte bien quand on fait les courses, ou coopère convenablement pour le travail scolaire, est un objectif atteignable, et il est même envisageable que les bons comportements perdurent dans le temps.

Dans cet ouvrage, le professeur Kazdin aborde de manière très approfondie la manière de mettre en place de manière efficace un programme de renforcement positif : le renforcement positif est un procédé issu de la psychologie comportementale, qui en gratifiant les bons comportements, permet d’augmenter la probabilité de leur apparition. Dans son ouvrage précédent, « Eduquer sans s’épuiser » (Solar 2023), il exposait les grands principes à la base de sa méthode. Cette fois-ci, vous apprendrez très précisément comment initier un programme à points, étape par étape, âge par âge, situation par situation. Dans quel ordre procéder, quels renforçateurs positifs utiliser, que peut-on raisonnablement attendre d’un enfant (car les parents en demandent parfois beaucoup trop) ? Vous découvrirez comment adapter ce programme, selon que votre enfant a 4 ou 13 ans. Quels leviers utiliser, pourquoi ça n’a pas marché quand vous avez essayé, comment coopérer avec un enseignant, un ex-conjoint. Comment l’utiliser avec des groupes d’enfants, qu’il s’agisse d’une fratrie ou d’une classe. Colère, sommeil, agressivité, insolence, inertie : tous ces problèmes peuvent être abordés sous l’angle du renforcement positif.

Cerise sur le gâteau : cette méthode est pleinement compatible avec l’éducation positive, car son but est justement d’exclure les violences physiques, verbales et psychologiques sur nos enfants. Elle apporte des éléments concrets (c’est rare) et efficaces (c’est encore plus rare), bien au-delà des théories vaporeuses qui encombrent le champ de la parentalité. Les parents qui craindraient de brider la personnalité de leur enfant en utilisant des méthodes de psychologie comportementale peuvent être rassurés : ces faux arguments sont examinés un par un, et réfutés.

Sur ce, je retourne prendre encore quelques notes, car je viens de terminer la mise en place d’un programme de renforcement positif pour un enfant rétif aux devoirs, et les disputes fraternelles sont mon prochain chantier.

Marie Chetrit

Elever un enfant qui s’oppose, les vraies solutions. Alan Kazdin, éditions Solar, 19€90, 29 août 2024

Il faut absolument que tout le monde le sache ! je partage :

7 commentaires

  • Emmeline

    Bonjour Marie, je pense que c’est la première fois que je commente sur PRGR que je lis pourtant depuis longtemps (mais peut-être avais-je déjà ramené ma fraise !). Je voudrais vous remercier car j’ai lu (en anglais) cet ouvrage sur la base des louanges que vous tressiez au précédent – je n’avais pas compris qu’il y en avait deux ! Sans avoir eu toute la théorie, j’ai donc eu cette pratique. Eh bien j’ai trouvé ce deuxième livre intéressant, pas passionnant (faute de concepts), mais surtout incroyablement utile.

    J’ai utilisé cette méthode à petite dose pour ne pas gâter mes enfants (qui ne sont pas spécialement opposants d’ailleurs), mais elle a enfin permis à mon Lapin à moi de… Penser aux espaces entre les mots quand il écrit (et donc d’avoir une écriture lisible, er ça en CE1 ça change tout). Et à mon Canard d’apprendre BonjourMerciAuRevoir. Tout ça sans m’épuiser. Leur père très sceptique initialement est conquis

    Merci encore

    • Petitsruisseauxgrandesrivières

      Merci Emeline pour ce témoignage ! Je suis ravie que cela ait donné un bon résultat chez vous 🙂
      bonne continuation !

Je suis sûre que tu as plein de choses à me dire :

En savoir plus sur Les petits ruisseaux font les grandes rivières

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading