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en vrac

Johnny Forever

Hier, Johnny Hallyday est mort. Le mythique Johnny, l’éternel Johnny, l’immortel Johnny, immortel comme Jean d’Ormesson, mais pas tout à fait dans le même style, n’est plus.

Je n’étais pas particulièrement fan de Johnny. J’aimais bien quelques-unes de ses chansons, mais je n’ai jamais acheté un de ses albums, et je ne me suis pas fait tatouer son portrait sur les bras. J’aimais bien aussi sa marionnette aux Guignols de l’Info, presque aussi mythique que lui.

Pourtant quelque chose dans sa vie, plus que dans sa mort, me touche.

Johnny était un homme au comportement autodestructeur, alcoolique, toxicomane. Et ce malgré son -apparente- réussite (au moins médiatique et artistique). Au-delà de ses tatouages, de ses bagues en argent (ou en platine sans doute ! ne pensons pas low-cost) et de ses cuirs de motard, j’étais émue par son regard bleu transparent. Un regard qui gardait une grande innocence, avec un petit je ne sais quoi d’enfantin, un appel à quelque chose. D’autre. Ou d’Autre. Sa voix aussi, dans ce qu’elle transmettait d’intensité, de souffrance contenue et d’incarnation des émotions, pouvait me bouleverser.

Je suis touchée de constater qu’un homme aussi immensément connu, au moins en France, manifestait encore un manque de confiance en lui, l’amenant à des comportements dangereux pour lui-même. Que cette souffrance pouvait l’amener à ne plus maîtriser du tout son addiction pour l’alcool (entendu hier sur France Inter, un extrait d’interview où il était, audiblement -ben oui c’était à la radio-, totalement bourré).

Même hors alcool, Johnny s’emmêlait dans ses phrases, n’était pas très fort ni très clair à l’oral, et c’est sans doute aussi pour cela que beaucoup de fans se reconnaissent en lui : Johnny était un gars simple qui ne s’exprimait pas très bien (1).

Et avant tout, Johnny était un bébé abandonné par son père, confié par sa mère à une tante. Un pauvre petit garçon qui a dû attendre très longtemps, sans doute toujours, le retour de ce père et sa reconnaissance. Le père de Johnny, qu’il avait fini par retrouver, est mort complètement clochardisé en 1989. Peut-être que jusqu’au bout, Johnny aurait voulu entendre ou lire : « c’est bien, mon fils, tu chantes bien, je suis si fier de toi. Ton papa qui t’aime. »

Alors je pense au petit Johnny, avec ses yeux si bleus et son regard confiant d’enfant, et je me dis qu’au ciel, malgré tous les démons ricanants qui lui ont tourné autour sa vie durant, il aura retrouvé son papa délivré des chaînes qui l’empêchaient d’aimer, et qu’il va désormais vivre dans l’amour, l’Amour avec un grand A, celui qu’il a cherché dans les bras des femmes, dans les paradis artificiels, dans la reconnaissance que ces foules lui amenaient, et qu’il portait, sans le savoir intimement peut-être, dans la croix tatouée sur son coeur.

 

(1) T’inquiète Johnny, Jean d’Ormesson y remédiera et Tante Mo jouera au scrabble avec toi.

Il faut absolument que tout le monde le sache ! je partage :

2 commentaires

  • Working Mutti

    Moi que claironnais partout que bon sang tout le monde s’en fiche qu’un mec qui écrive comme Patrick le voisin du dessous passe l’arme à gauche. Et puis en plus il a bâti son succès sur de mauvaises reprises de titres de groupes anglo saxons (la fille qui a toujours pas digéré les portes du pénitencier).
    La je me sens un peu bête avec mon discours premier degré. En fait la beauf c’était un peu moi pour le coup.

    • Petitsruisseauxgrandesrivières

      Je pensais comme toi et j’avais tenu exactement le même genre de discours à la mort de Michael Jackson. Et puis en en discutant et en y réfléchissant, j’ai compris pourquoi on peut être autant touché par les vies et la fragilité de ces artistes. Dans le même ordre d’idée, je lis en ce moment « Un roman français » de Frédéric Beigbeder, qui n’avais produit auparavant que des romans superficiels et vains. Il y explique que cette superficialité apparente est la marque d’une grande souffrance et de l’impossibilité à s’aimer, c’est très touchant et ça me rend plus compréhensive 🙂

Je suis sûre que tu as plein de choses à me dire :

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